Les cris se perdent dans l'immensité de mon pays. Rafael Cadenas
Les Yanomami (unes des autochtones du
Venezuela) consomment les cendres de leurs morts. Ainsi ils convertissent à
leur le sol sous leurs pieds. Ils prennent son pays avec eux, en tant que
nation c’est la terre où on enterre ses morts.
Je ne sais pas comment écrire de l'espoir. Je
ne suis pas une croyante et là-bas nous embrassons la désolation. L'abîme nous regarde
dans les yeux. La perte est un état de siège.
Combien de fois nous avons voté, combien de
nuits nous attendions les résultats, combien de fois nous sommes étés humiliés,
insultés, battus, combien de celui qui était notre ils nous ont arraché,
combien ils nous ont changés, combien d'entre nous sont étés emprisonnés, combien
d'entre nous sont étés tués.
Pendant les dernières heures nous nous avons
fait compagnie les unes à les autres de la meilleure façon que nous pouvions,
et il n'y avait pas de distance insurmontable. Nuit je me suis rendue compte dont nous n’avons
pas jamais cessé d'en faire. Nous avons été présents, nous avons bu jusqu'à la
dernière goutte amère, et nous y continuerons.
Nomades, certains d'entre nous portent Venezuela
à l'intérieur. Le pays où nous sommes nés n’arrêt pas de blesser. Où que nous
soyons, là nous sommes tous ensemble. On peut quitter le pays, mais le pays ne s’en
va pas. Personne ne peut pas l'enlever. Et que n’ose pas quelqu’un une autre
fois nous refuser le droit de le posséder. Si tel s'arrive à passer, nous le récupérerons
et il aura quelque chose, comme s’a passé ce 6 décembre, qui restera inchangée
en nous, et comme aujourd'hui, Décembre 7, nous nous verrons nous-mêmes et nous
nous reconnaitrons.
Comme Viktor Frankl, psychiatre juif viennois
qui a survécu à un camp de concentration a écrit: "La liberté, cependant,
n’est pas le dernier mot prononcé. La liberté est seulement une partie de
l'histoire et la demi-vérité. La liberté n’est plus que l'aspect négatif d'un
phénomène dont l'aspect positif est la responsabilité."
Hier, comment a écrit notre poète Rafael
Cadenas, nous avons donné à notre pays «une fleur incroyable».
Geraldina Mendez
7 Décembre 2015