miércoles, 2 de diciembre de 2020

Mon Noël




 Pour moi, Noël a toujours été le plus beau moment de l'année. Quand j'étais un enfant, bien avant n'importe quelle 
catéchèse, j'étais émerveillée de savoir que toutes les lumières, les plats, les rassemblements avaient pour but de célébrer l'anniversaire d'un enfant. Un enfant, imaginez-vous, en plus, un bébé, un nouveau né! Nous, les enfants, n'avions aucun pouvoir de décision, et ici, il y en avait un qui était considéré comme un roi, même un dieu. Je le regardais, endormi sur sa crèche sans rien soupçonner, et je sentais mon cerveau exploser en pensant comment un dieu, que dans cette époque était pour moi quelque chose d'infiniment énorme, amorphe et incompréhensible (et peut-être que ça continue de l'être) pouvait rentrer dans quelqu'un de si petit et qui était un peu comme moi et mes soeurs. Plus surprenant si on pensait que la famille du bébé était très pauvre, des immigrants, comme mon père, mais ils n'avaient même pas de maison: ils ont du dormir avec les animaux chez quelqu'un de généreux qui n'avait plus de place à leur offrir pour passer la nuit.

Mais ce bébé était tellement spécial (ne le sont-ils pas tous?) qu'il y avait une étoile qui le suivait, et des anges, des rois étrangers, des bergers, qui voulaient tous devenir ses amis.

Et c'est ça qui est ça. À Noël les plus petits, les plus pauvres, les étrangers devenaient l'objet de la fête la plus belle de l'année. Dans notre culture familiale, c'était la trêve pour ceux qui s'étaient chicanés, c'était le moment peut-être de se pardonner. C'était une fête de la paix.

Je ne suis plus chez moi et c'est très probable que je n'y reviendrai jamais. J'ai perdu les Noëls de chez nous pour toujours. Cependant, serait-il possible d'amener un petit morceau de Noël vénézuélien/portugais à mon nouveau chez moi, pourrais-je partager mon idée de trêve, de pardon et de paix avec ceux qui m'entourent? Je ne le sais pas. C'est la raison pour laquelle j'ai écrit ça. Parce que Noël pour moi c'est aussi avoir de l'espoir.

Gera

martes, 25 de septiembre de 2018

Cuando no existían los teléfonos móviles

Cuando los celulares no existían, el tiempo se vaciaba. Mirábamos la lluvia caer, el cielo despejado. Mirábamos las nubes hasta que se disipaban por completo, el sol caer sobre la acera, los distintos tonos de verde de los árboles.

A veces nuestra mirada se detenía sobre una mosca, una hormiga, una abeja. La mosca, con esos grandes ojos rojo opaco, que dicen estar llenos de miles de otros ojos. La veíamos sacudirse las patas delanteras, como con fruición; sacudir las alas, levantando las traseras. La veíamos dormir sobre las paredes.

La abeja era más lenta y también más colorida. Le pasaban cosas estúpidas, como meterse en un vaso plástico con restos de jugo y terminar cayendo adentro del líquido restante. Pero también a veces era hermoso verla aligerarse cuando se posaba, haciendo pequeñas pausas, sobre las flores.

La hormiga siempre estaba haciendo algo: llevando una hoja, un grano de arroz. Siempre iba decidida hacia algún lado, y bordeaba cualquier geografía con lo que fuera que acarreaba.

Cuando no llevábamos el teléfono a todos lados, el silencio nos acompañaba: no llenábamos de música cada instante. Esperábamos solos en un café, mirando por la ventana. Nuestra mirada se quedaba suspendida en la nada.

En ese tiempo no estábamos disponibles. Si alguien quería hablarnos, tenía que llamarnos a la casa, y casi nunca estábamos ahí. Cuando amábamos a alguien y no sabíamos cómo decírselo, llamábamos a su casa y se lo decíamos de un tirón, con el corazón saliéndosenos por la boca, y trancábamos. Y nos sentíamos entonces avergonzados, temblorosos y liberados.

Ahora, cuando mi tren pasa sobre el lago, detengo todo lo que estoy haciendo (maquillaje, teléfono, lectura) y miro el horizonte. Todos los días el horizonte tiene una cara distinta. Mirar el lago es mi única ceremonia, mi único momento sacro del día. Vuelvo a esos días en que no tenía el teléfono, y recuerdo entonces que hay un cielo sobre mi cabeza.

jueves, 25 de febrero de 2016

Sans patrie


Nous venons d'un monde irréparable.
Hélène Dorion, poètesse québécoise



C'est impossible revenir à un endroit qui n'existe pas plus.

La métamorphose terrible à laquelle nous sommes soumis nous laisse quotidiennement dans un pays différent. Chaque jour nous mourons un peu et notre douleur est constante.

Notre vie se réduit à la recherche de l'essentiel. Nous sommes dédiés à survivre, soigneusement.

Où vivons-nous lorsque la terre bouge sous nos pieds?

Comme des insectes de la lumière, en un vol ininterrompu, nous cherchons des morceaux d'espoir. L'espoir, cette mauvaise habitude, cruele, quand elle fouette, fait plus mal à la grande blessure lancinante qui est devenu notre pays. Epuisés, suspendus dans un cauchemar en constante évolution qu'on n'a jamais le temps de rêver davantage, duquel on se réveille dans un autre, du cauchemar dedans du cauchemar, mais aussi réel que l'horion de vivre, nous manquons cet espace perdu derrière ce mot que nous ont déchiré, ce mot qu'ils ont traîné par terre: la patrie.

Sans patrie il n'y a pas de retour.


Geraldina Mendez

No hay patria

Venimos de un mundo irreparable. 
Hélène Dorion, poetisa quebequense



No se puede regresar a un lugar que ya no existe.

La metamorfosis terrible a la que estamos sometidos nos abandona a diario en un país otro. Morimos cada día un poco y nuestro duelo es constante.

Reducida la vida a la búsqueda de lo más básico, nos dedicamos a sobrevivir, minuciosamente.

¿Dónde habitamos cuando el piso se nos mueve bajo los pies?

Como insectos de luz en un vuelo ininterrumpido, buscamos retazos de esperanza. Ella, mal hábito, cruel, cuando azota, hace doler aún más la gran herida palpitante en la que se ha convertido nuestro país. Agotados, suspendidos en una pesadilla siempre cambiante que nunca tenemos tiempo de soñar, de la que despertamos en otra, pesadilla dentro de pesadilla pero tan real como el puñetazo diario de vivir, añoramos un espacio perdido tras esa palabra que nos han arrancado, esa palabra que han arrastrado por el suelo: la patria.

Sin patria no hay regreso.


Geraldina Mendez




jueves, 28 de enero de 2016

Fatigue du bonheur


La tristesse est le repos. C’est épuisante l'obsession du bonheur. Il est un travail. Il faut qu’on exerce le droit fondamental à la taciturnité.

Lutter, il fatigue. Les petites violences quotidiennes y viennent. Chaque «non» est éternel dans sa petite fugacité. Pourquoi nous ne tolérons pas les portes fermées au nez? Parce que nous voulons avoir des visas pour ces petits pays personnels qui sont interdits pour nous. Nous ne comprenons pas quand de l'autre côté il y a du silence. Il est un fantôme redoutable que nous voulons exterminer en l’envahissant.

Il faut qu’on soit capable d'être triste et fatigué, un peu malade, un petit peu. Il y a une mode maniaque, une malveillante dépendance de la joie. 

Elle est donc souhaitable, la tristesse, et parfaite. Ou peut-être elle est un besoin d'acceptation infinie, d’étreindre notre obscurité qui englobe tout.


Geraldina Mendez




jueves, 10 de diciembre de 2015

Le pays inaliénable

Les cris se perdent dans l'immensité de mon pays. Rafael Cadenas


Les Yanomami (unes des autochtones du Venezuela) consomment les cendres de leurs morts. Ainsi ils convertissent à leur le sol sous leurs pieds. Ils prennent son pays avec eux, en tant que nation c’est la terre où on enterre ses morts.

Je ne sais pas comment écrire de l'espoir. Je ne suis pas une croyante et là-bas nous embrassons la désolation. L'abîme nous regarde dans les yeux. La perte est un état de siège.

Combien de fois nous avons voté, combien de nuits nous attendions les résultats, combien de fois nous sommes étés humiliés, insultés, battus, combien de celui qui était notre ils nous ont arraché, combien ils nous ont changés, combien d'entre nous sont étés emprisonnés, combien d'entre nous sont étés tués.

Pendant les dernières heures nous nous avons fait compagnie les unes à les autres de la meilleure façon que nous pouvions, et il n'y avait pas de distance insurmontable. Nuit  je me suis rendue compte dont nous n’avons pas jamais cessé d'en faire. Nous avons été présents, nous avons bu jusqu'à la dernière goutte amère, et nous y continuerons.

Nomades, certains d'entre nous portent Venezuela à l'intérieur. Le pays où nous sommes nés n’arrêt pas de blesser. Où que nous soyons, là nous sommes tous ensemble. On peut quitter le pays, mais le pays ne s’en va pas. Personne ne peut pas l'enlever. Et que n’ose pas quelqu’un une autre fois nous refuser le droit de le posséder. Si tel s'arrive à passer, nous le récupérerons et il aura quelque chose, comme s’a passé ce 6 décembre, qui restera inchangée en nous, et comme aujourd'hui, Décembre 7, nous nous verrons nous-mêmes et nous nous reconnaitrons.

Comme Viktor Frankl, psychiatre juif viennois qui a survécu à un camp de concentration a écrit: "La liberté, cependant, n’est pas le dernier mot prononcé. La liberté est seulement une partie de l'histoire et la demi-vérité. La liberté n’est plus que l'aspect négatif d'un phénomène dont l'aspect positif est la responsabilité."

Hier, comment a écrit notre poète Rafael Cadenas, nous avons donné à notre pays «une fleur incroyable».


Geraldina Mendez

7 Décembre  2015

lunes, 7 de diciembre de 2015

El país inalienable

Los gritos se pierden en la vastedad de mi país. Rafael Cadenas 




Los yanomamis consumen las cenizas de sus muertos. Así convierten en suyo el suelo que pisan. Se llevan a su país consigo, pues nación es esa tierra donde entierras a tus muertos.

Yo no sé escribir de la esperanza. No soy creyente y nos abraza la desolación. El abismo nos mira a los ojos. La pérdida es un estado de sitio.  

Cuánto hemos votado, cuántas noches esperado, cuánto nos han humillado, insultado, golpeado, cuánto nos han arrebatado, cuánto nos han cambiado, cuántos de nosotros presos, cuántos asesinados. 

Durante las últimas horas nos hemos acompañado de la mejor forma que hemos podido, y no ha habido distancia infranqueable. En la madrugada entendí que nunca ha dejado de ser así. Hemos estado presentes, hemos bebido hasta la última gota amarga, y lo seguiremos haciendo.

Nómadas, algunos de nosotros llevamos el país por dentro. El país donde nacimos no deja de doler. 

Estemos donde estemos, estamos todos juntos. Uno podrá irse del país pero el país no se va de uno. Nadie puede quitárnoslo. Y que más nunca nadie se atreva a negarnos el derecho a poseerlo. Lo volveremos a recuperar, y habrá algo, como este 6 de diciembre, que permanecerá en nosotros inalterable, y, como hoy 7 de diciembre, lo veremos y nos reconoceremos. 

Como escribió Viktor Frankl, psiquiatra judío vienés que sobrevivió a un campo de concentración: "La libertad, no obstante, no es la última palabra. La libertad sólo es una parte de la historia y la mitad de la verdad. La libertad no es más que el aspecto negativo de cualquier fenómeno, cuyo aspecto positivo es la responsabilidad." 

País mío, te bendigo, pero no desde la magia de dioses imaginarios en los que no creo, sino desde la visceral, mutua y fatal pertenencia.




Ayer, como escribió nuestro poeta Rafael Cadenas, le hemos entregado a nuestro país "una flor sorprendente".



Geraldina Mendez